dimanche 31 mars 2013

❋introduction a la phytotherapie ❋



definition
la phytotherapie designe la medecine fondee sur les extraits de plantes et les principes actifs naturels

3 types de pratiques :
. une pratique traditionnelle a visee explicitement therapeutique
parfois tres ancienne cette pratique est fondee sur lutilisation de plantes selon les vertus decouvertes empiriquement
dapres lOMS cette forme de phytotherapie est consideree comme une medecine traditionnelle et encore massivement employee dans certains pays dont les pays en voie de developpement
il sagit le plus souvent dune medecine non conventionnelle du fait de labsence detudes cliniques systématiques

. une pratique qui repose sur la recherche scientifique des extraits actifs de plantes
une fois identitfies ces extraits de plantes sont standardises
cette pratique debouche suivant les cas sur la fabrication de medicaments pharmaceutiques ou de phytomedicaments
s
elon la reglementation en vigueur dans le pays, leur circulation est soumise a lautorisation de mise sur le marche (AMM) pour les produits finis, et a la reglementation sur les matieres premieres a usage pharmaceutique (MPUP) pour les preparations magistrales de plantes medicinales (celles-ci etant delivrees exclusivement en officine)
on parle alors de pharmacognosie ou de biologie pharmaceutique
la recherche sur ces produits se fonde en partie sur les pratiques traditionnelles et pose de graves problemes ethiques et politiques des lors quelle conduit a la brevetabilite du vivant

. une pratique de prophylaxie sans but actuellement perçu comme therapeutique
cette forme de phytotherapie existait déjà dans lAntiquita
cest le cas dassociations traditionnelles en cuisine, de techniques de conservation, ou de consommation de produits tels que les thes ou infusions
même si les interactions entre produits usuellement combines font lobjet de recherches, seuls le cas des produits consommes de maniere separee sont actuellement rattaches a la phytotherapie

 un peu dhistoire

le premier texte connu sur la medecine par les plantes est grave sur une tablette dargile redige par les Sumeriens en caractères cuneiformes : 3000ans avant J.C. ils utilisaient des plantes en décoctions filtrées
le papyrus Ebers du XVI°siecle avant J.C. est le premier recueil connu consacre aux plantes medicinales
il est de loin le plus volumineux de lEgypte ancienne (110 p.) : il fait reference a de plus anciens documents citant des dizaines de plantes accompagne dun mode dutilisation
les Grecs et les Romains utilisaient egalement de nombreuses plantes : on en retrouve des references, entre autres, dans lœuvre de Dioscoride (medecin grec du I°siecle) ou dans « Histoire naturelle » (ouvrage en 37 volumes de Pline lAncien qui des lAntiquite et jusqua la fin du MoyenAge, a ete copie de nombreuses fois)

en Europe les plantes representent lessentiel de la pharmacopee jusqua la fin du xixe siècle et lavanement de la chimie moderne
encore largement utilisees apres la SecondeGuerreMondiale, elles furent ensuite supplantees par les medicaments de synthese plus simples demploi
toutefois les laboratoires pharmaceutiques etudient depuis quelques annees les « remedes de bonne fâme » et la pharmacopee ancienne afin de developper de nouveaux medicaments

En France, le diplôme dherboriste a ete supprime en septembre 1941 par le gouvernement de Vichy. De 4 500 herboristes en 1941, ils sont dsormais une dizaine tandis quen Allemagne ou en Italie, on en compte plusieurs milliers

en dehors de lauto-medication familiale la phytotherapie est utilisee en medecine sur conseils ou prescriptions de professionnels de sante, diplomes detat (medecins, pharmaciens, dentistes, sages-femmes, veterinaires, infirmieres, kinésitherapeutes, ...) ou de formation privee (naturopathes, osteopathes, ...). Une formation a cette discipline therapeutique est assuree pour les professionnels de santé soit dans lenseignement public (en France il sagit du diplôme Inter Universitaire de 3e cycle de la faculte de pharmacie de Clermont-Ferrand- Nantes, Diplôme Universitaire de la faculté de pharmacie de Besançon), soit dans des structures privees

fabrications et utilisations

tisane

en phytotherapie traditionnelle les plantes peuvent etre utilisees fraîches ou beaucoup plus frequemment seches
cest en general une partie bien precise de la plante qui est employee, en conformite avec les préconisations des pharmacopees (racine, feuille, fleurs, etc.), la composition chimique dune plante etant rarement uniforme
ces parties de plantes, entieres ou finement broyees dans un sachet-dose (alias infusette) sont utilisees pour lobtention dune tisane que lon peut preparer
. par infusion (on verse de leau chaude sur la plante)
. par maceration (la plante est laissee plus ou moins longtemps au contact de leau froide)
. par decoction (la plante est laissee plus ou moins longtemps au contact de leau portee a ebullition)

 

gelules et poudres


quelles soient obtenues par un broyage classique ou par cryobroyage les poudres totales peuvent ensuite etre conditionnees sous la forme de gelule ou prendre dautres formes


elles sont presentees par leurs adeptes comme representant « lintegralite » ( le « totum ») du vegetal mais leur composition differe de celle des tisanes traditionnelles (qui ne comportent en principe que les substances hydrosolubles de la plante) et lon secarte donc de lusage traditionnel

on ne peut de ce fait pas exclure quelles conduisent a labsorption de substances toxiques ou a des concentrations trop elevees en actifs |une des raisons pour laquelle la reglementation en vigueur en France demande dans le cas des medicaments a base de plante (phytomedicaments ou medicaments de phytotherapie) enregistres aupres de lAfssaps que soit realisee une expertise toxicologique minimale]

 

extraits hydroalcooliques de plantes fraiches ou alcoolatures

un autre procede lextraction permet lobtention dune forme concentrée en principes actifs :
. pulverulente (extrait sec, atomisat)
. pâteuse (extrait mou)
. liquide (extrait fluide, teinture, teinture mere)

après le broyage de la plante la poudre obtenue est traitee par un solvant (par simple contact ou par lixiviation)

on utilise generalement de leau, de lalcool, ou un mélange hydro-alcoolique (le plus souvent à chaud)
le solvant est choisi en fonction de la solubilité des principes actifs recherches
lextraction permet disoler tous les actifs et de conserver leur eventuelle synergie daction

le liquide (solute) ainsi obtenu est ensuite filtre afin deliminer le residu insoluble (marc)
puis une phase devaporation  (generalement sous vide pour eviter une elevation trop forte de la temperature) elimine tout ou partie du solvant

la forme ainsi obtenue :
. est une forme concentree en principes actifs
. peut etre ajustee a une teneur fixe en principe actif (pour assurer une reproductibilite de laction)
. peut etre incorporee dans une forme galenique permettant un usage aise, y compris en ambulatoire (gélules, comprimés, solutions buvables, …) 

les plantes utilisees pour ces preparations doivent etre de bonne qualite car lextraction peut selon la nature du solvant utilise eliminer une partie des contaminants (ex. : pesticide) ou au contraire les concentrer
lorsque lextrait est un extrait hydro-alcoolique de titre eleve il est generalement necessaire que la toxicite du “ medicament de phytotherapie ” quil permet dobtenir soit evalue avant sa commercialisation

il existe egalement un 3e solvant: la glycerine vegetale, avec laquelle on obtient alors une triple extraction (eau/alcool/glycérine) qui permet dobtenir une preparation proche du totum de la plante avec un titrage alcoolique diminue (lefficacite du produit est plus elevee)
pour les plantes ne figurant pas sur la liste de celles qui peuvent conduire a lelaboration de ces phytomedicaments, les medicaments qui en contiennent des extraits doivent satisfaire aux exigences de lautorisation de mise sur le marche (AMM) - standard obligatoire pour tout médicament
le cas echeant ils peuvent etre soumis a une contrainte de delivrance voire de renouvellement sur ordonnace

autres

outre les formes precedement citees on denombre encore:
. les teintures meres homeopathiques
. les macerats glycerines de bourgeons
. les ampoules buvables
. les huiles essentielles (qui constituent une discipline distincte : laromatherapie) 
. les hydrolats (ou eaux florales - quand il sagit de fleurs) obtenus comme pour la plupart des huiles essentielles par distillation a la vapeur deau

precautions demploi

certaines plantes contiennent des principes actifs qui peuvent être extrêmement puissants, d'autres sont toxiques à faible dose. Le fait que l'on n'utilise que des plantes ne signifie pas que cela est sans danger, la culture libre ou l'utilisation de certaines plantes est interdite dans certains pays, le cas le plus courant étant le pavot dont la culture est réglementée en France et destinée à la seule industrie pharmaceutique
exemple : la distillation de la lavande permet de denombrer plus de 200 molecules differentes dont des cetones et des coumarines dont la toxicite est moindre que sils etaient utilises seuls
la composition dune plante peut varier dun specimen a lautre, dependant du terrain, des conditions de croissance, dhumidite, de temperature, densoleillement, qui vont determiner ce que lon appelle en aromatherapie le chemotype

ainsi il nest pas recommande dutiliser des plantes dorigine douteuse puisque les facteurs de pollution, la cueillette et les methodes de conservation, de stockage… peuvent alterer les proprietes des plantes
il convient deviter les plantes seches vendues sous sachet transparent car la lumière altere en partie leurs proprietes

certains revendeurs presentent la phytotherapie comme methode « naturelle » mais il sagit souvent dun argument de type publicitaire ou deffet de mode jouant sur une ambiguïte selon laquelle naturel equivadrait a benefice et inoffesif mais le consommateur nest pas a labris derreur de fabrication ou de soucis lies a une prise inconsideree


exemple : une preparation pour tisane amaigrissante vendue en pharmacie a ainsi fait des victimes au debut des annees 1990 a cauuse dune erreur de traduction > il a de ce fait etait inclus une plante de la famille des aristoloches (trees dangereuse) qui a entraîne des insuffisances renales majeures et cancers chez au moins 110 personnes en Belgique

il est aussi a noter que la prise simultanee de plantes medicinale et de medicaments peut entraîner linteraction des deux remedes et lapparition deffets secondaires parfois graves
par exemple : le millepertuis peut inhiber leffet de medicaments comme la digoxine, la theophylline, les anticoagulants a base d’anti-vitamine K, des contraceptifs oraux et certains antidepresseurs ou ecnore la ciclocporine, des traitements du VIH ou certains anticancereux

dans un autre registre, de nombreux cas daffections renales ont ete constates suite a lusage dherbes « miracles » en infusion surtout lors dusages quotidiens, a titre preventif
il ne faut pas oublier non plus que bien des vegetaux sont toxiques a letat naturel : ceux-la sont a eviter ou a ne prendre que sur prescription medicale et preparation par un specialiste accredite - ils ne sont dailleurs generalement pas presents dans les traites de phytotherapie classiques car trop dangereux

les derives

alors quelle etait pratiquee depuis lAntiquite dans le monde occidentale, la phytotherapie a peu a peu disparu au profit de la medecine dite moderne, entrainant une grande perte de savoir 
comme le montre une etude de 2008  qui sest attachee a etudier les resultats therapeutiques de 63 plantes mentionnees comme ayant un pouvoir anti-rhumatismal dans des «herbiers» parus en Europe entre les XVI°siecle et XVII°siecle, ce qui a permis de mettre en evidence lefficacite in vivo ou in vito de plus de la moitie dentre eux et a conclu a la necessite dexploiter de façon systematique les donnees contenues dans ces parutions

de la même façon, les connaissances ancestrales des chamans et autres guerisseurs dAmerique latine, dAfrique ou dAsie sont repertoriees en vue didentifier les principes actifs des plantes medicinales
ces recherches sappuient sur des competences developpees par ces peuples, et, via le recours à des brevets soppose a ce quils en fassent un usage plus large sans quils en retirent une remuneration autre que symbolique
ces pratiques sont denoncees comme un pillage du capital genetique de ces pays ou populations et donnent quelquefois lieu a des prises de conscience ou a des reactions comme dans le cas de la Bolivie

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